PROBLÉMATIQUE: COMMENT LA CHIMIOTHÉRAPIE PEUT AIDER A SOIGNER LE CANCER DU SEIN?




INTRODUCTION: LE CANCER DU SEIN
  Comme nous le savons, le cancer du sein touche une part importante de femmes en France. C’est le cancer le plus répandu chez les femmes (1 sur 11). Il peut être de causes différentes. Il peut être dépisté et traité. Ici nous nous intéresserons plutôt à la guérison de celui-ci. Plusieurs techniques permettent de le guérir ou peut aider à la guérison de celui-ci. La chirurgie et la radiothérapie sont des traitements particulièrement efficaces lorsqu'un cancer est limité à une seule région de l'organisme. Mais lorsque les cellules cancéreuses se sont dispersées, l'usage de la chimiothérapie devient indispensable.

La chimiothérapie est un traitement qui consiste en l'absorption de médicaments. Dans le cas du cancer, on parle alors de chimiothérapie anticancéreuse. Elle est considérée comme étant la troisième arme thérapeutique contre le cancer. C'est un traitement réputé pour avoir des effets secondaires très importants : on dit que c'est un traitement qui vous rend malade pour vous guérir.
         Mais, la chimiothérapie n'en est pas moins un moyen très efficace pour lutter contre le cancer.
         Dans un premier temps nous rappellerons les mécanismes cancéreux. Puis nous aborderons les molécules et substances chimiques mises en jeu dans les traitements par chimiothérapie, et enfin l’administration de la chimiothérapie ainsi que ces effets secondaires.


Coupe anatomique transversale du sein [1]





RAPPELS GÉNÉRAUX SUR LES MÉCANISMES CANCÉREUX

Nous rappellerons d’abord le mécanisme d’une division cellulaire classique avant de traiter le cas d’une cellule cancéreuse.


R A P P E L   D E S   M É C A N I S M E S   D E   D I V I S I O N   C E L L U L A I R E

     Le cycle cellulaire est composé de 4 phases, la phase G1 (intervalle de temps entre la mitose et la synthèse de l’ADN), La phase S (synthèse de l’ADN, la phase G2 (intervalle de temps entre la phase S et la mitose), puis la phase M qui correspond a la Mitose. Lors de cette mitose a lieu la division cellulaire qui s’effectue également en 4 phases (prophase, anaphase, métaphase, télophase).
         Cycle de la division cellulaire
        

C A S   D E S   C E L L U L E S   C A N C É R E U S E S

     Un cancer est caractérisé par la présence de cellules cancéreuses, qui ont la capacité de se multiplier indéfiniment. Leur prolifération échappe au contrôle des cellules environnantes et du reste de l’organisme et elles ont la faculté d’envahir d’autres tissus et même de migrer à distance (métastases).


Cellules cancéreuses envahissant le tissu


         Le cancer correspond en fait au dérèglement de "quelques-unes" des milliards de cellules qui nous constituent.
         De plus, par le renouvellement cellulaire un nombre infini de cellules disparaissent à chaque jour pour donner de nouvelles cellules filles. Ainsi chaque année un homme produit en moyenne 250 kg de cellules sanguines. Facilement, on comprend alors qu'une seule petite anomalie lors d'une division cellulaire peut être transmise en très peu de temps à de nombreuses cellules filles. Lorsque cette anomalie engendre une prolifération anarchique des cellules, aboutissant à la mort du sujet, on parle de cancer.
         Le cancer est la conséquence d'une accumulation d'altérations de l’ADN ou de sa transcription. Avec l'évolution du cancer, les cellules tumorales subissent des mutations de plus en plus marquées. Certaines provoquent une division anarchique des cellules mutées, puis d'autres par la suite une invasion des tissus ou encore la diffusion de métastases. Sommairement, on peut dire chronologiquement que la cellule cancéreuse :
§  se divise sans respecter les signaux de contrôle,
§  envahit petit à petit les tissus voisins et entraîne la création d'un tissu indispensable pour l'évolution de la tumeur,
§  migre pour créer d'autres métastases.



1 : Une cellule subit une modification du ADN[2], mais sa morphologie reste la même.

2. A cause de cette mutation, elle commence à se diviser de façon autonome, sans prendre compte des facteurs de croissance externe

3. Les cellules cancéreuses se divisent et forment une tumeur.

4. Les cellules métastases[3] à distance



Processus cancéreux





MOLÉCULES ET SUBSTANCES CHIMIQUES IMPLIQUÉES DANS LES TRAITEMENTS PAR CHIMIOTHÉRAPIE
Après un bref rappel historique de la chimiothérapie, nous allons tout d’abord en exposer les modes d’actions généraux avant de détailler les principales molécules utilisées dans le cas du cancer du sein.

H I S T O R I Q U E 

         L'histoire de la chimiothérapie commence durant la première guerre mondiale. Les soldats exposés aux gaz de combat, dont l'ypérite[4], ont subit des modifications des ganglions lymphatiques. Plus tard, en 1942, on met au point le premier médicament anticancéreux, les moutardes azotées, dérivées de ces gaz de combat. Pour la première fois de l'histoire de la médecine, on observe une rémission chez un malade porteur de lymphome[5], mais de courte durée.


M O D E S   D ' A C T I O N S   G É N É R A U X   D E   L A   C H I M I O T H É R A P I E

La pathologie cancéreuse est caractérisée par la prolifération non contrôlée des cellules de l’organisme. Cette prolifération est due à divers mécanismes induits dans les cellules par la maladie, qu’il n’est pas envisagé de détailler ici. Afin de ralentir voire stopper cette prolifération, les médicaments injectés dans la chimiothérapie vont soit détruire les cellules, soit bloquer leur multiplication. Les molécules utilisées en chimiothérapie sont donc dites « cytotoxiques » (c'est-à-dire tueuses de cellules).
Pour cela, différents médicaments fonctionnant sur selon différents processus sont utilisés pour inhiber la croissance tumorale :
- en interférant dans la synthèse d’acide nucléique,
- en bloquant la division cellulaire,
- en inhibant la néo-vascularisation des tumeurs,
- en induisant ou restaurant l’apoptose[6]
- en stimulant la réponse immune.
La chimiothérapie agit malheureusement à la fois sur les cellules malades et sur les cellules saines à division rapide (cellules du système pileux, cellules intestinales et cellules sanguines en particulier) ce qui explique les désagréments inhérents à ce traitement et qui seront détaillés au chapitre III. Les cellules cancéreuses, qui se divisent très vite, sont plus fragiles et plus nombreuses que les cellules normales de l'organisme, ce qui explique néanmoins l'efficacité du traitement chimiothérapique, malgré les effets secondaires.
La chimiothérapie permet surtout d'atteindre des cellules cancéreuses qui se sont « échappées » de la tumeur primitive (métastases), et qui n'ont pas été accessibles à un geste chirurgical ou radiothérapique, comme nous l’avons dit dans l’introduction. La chimiothérapie peut être le seul traitement d'un cancer ou être associée aux autres traitements (chirurgie, radiothérapie, voire hormonothérapie).


L E S   D I F F É R E N T S   T Y P E S   D E   M O L É C U L E S   U T I L I S É E S   E N   C H I M I O T H É R A P I E
Plusieurs classes de médicaments sont disponibles, dont les modes d'action sont différents, ce qui explique les fréquentes associations de molécules lors des protocoles thérapeutiques, et de nouvelles molécules sont découvertes régulièrement et testées.
Les molécules cytotoxiques utilisées sont aussi appelées antimitotiques, du fait qu’elles bloquent une étape clé de la reproduction cellulaire : la mitose (division de la cellule).

On distingue en particulier :
- les agents alkylants,
- les antimétabolites,
- les alcaloïdes végétaux,
- les inhibiteurs de la topoisomérase (enzymes régulateurs de l’ADN) ,
- les antibiotiques antitumoraux,
- les anticorps monoclonaux [i].

La plupart des agents anti-cancéreux inhibent des enzymes nécessaires à la synthèse de l’ADN. C’est le cas des anti-métabolites (tels que la méthotrexate) qui agissent sur l’une des phases du cycle alors que les agents alkylants (les cyclophosphamides) agissent quant à eux durant l’ensemble des phases du cycle. Les anticorps monoclonaux sont utilisés fréquemment dans le cancer du sein notamment.
En particulier, nous détaillons ci-après les mécanismes spécifiques à deux types d’agents : les agents alkylants et les anticorps monoclonaux.

A G E N T S   A L K Y L A N T S

         Les agents alkylants sont appelés ainsi à cause de leur pouvoir d'ajouter des groupements alkyle à divers groupes électronégatifs dans des conditions présentes au sein des cellules. Ils arrêtent la croissance des tumeurs, ce qui empêche ces brins d'ADN de se démêler et de se séparer ; ceci prévient la réplication de l'ADN, et dès lors ces cellules cessent de se diviser.
         On rappelle qu’un alkyle est obtenu en enlevant un atome d'hydrogène à un alcane on obtient un groupe d'atomes appelé: groupe alkyle. On obtient le nom du groupe alkyle en remplaçant la terminaison « ane » de l'alcane par la terminaison « yle »

         Les alcanes sont des hydrocarbures saturés. Cela signifie qu'ils ne sont constitués que d'atomes de carbone et d'hydrogène liés entre eux que par des liaisons simples C—C et C—H (pas d'insaturation). Leur formule brute générique est de la forme: CnH2n+2.

CH4
méthane
CH3
méthyle
CH3—CH3
éthane
CH3—CH2
éthyle
CH3—CH2—CH3
propane
CH3—CH2—CH2
propyle




A N T I C O R P S   M O N O C L O N A U X

         Un anticorps (Ac) est une protéine complexe utilisée par le système immunitaire pour détecter et neutraliser les agents pathogènes de manière spécifique. Les anticorps sont sécrétés par des cellules dérivées des lymphocytes B : les plasmocytes[ii] [iii].
         La structure générale des anticorps a été décrite en 1959 par Porter (prix Nobel 1972). On peut représenter ces anticorps par 4 chaines moléculaires (2 chaines lourdes H – en violet - et deux chaines légères L – en vert- qui sont reliées entre elles par un nombre variable de ponts disulfures (en rouge) assurant une flexibilité de la molécule. Ces chaînes forment une structure en Y. Chaque chaîne légère est constituée d'un domaine constant et d'un domaine variable; les chaînes lourdes sont composées d'un fragment variable et de 3 ou 4 fragments constants selon l'isotype. Pour un anticorps donné, les deux chaînes lourdes sont identiques, de même pour les deux chaînes légères.
         Chaque chaîne légère est constituée d'un domaine constant et d'un domaine variable; les chaînes lourdes sont composées d'un fragment variable et de 3 ou 4 fragments constants selon l'isotype. Pour un anticorps donné, les deux chaînes lourdes sont identiques, de même pour les deux chaînes légères, comme le montre la figure ci-après :



Structure en Y de l’anticorps

         Un agent pathogène (bactérievirus, etc.) est reconnu par le système immunitaire par l'intermédiaire d'antigènes. Un antigène possède généralement plusieurs épitopes différents qui sont autant de sites de liaison aux anticorps. On peut classer une population d'anticorps selon sa capacité à reconnaître un seul ou plusieurs épitopes[7]. On parle alors respectivement d'anticorps monoclonaux et polyclonaux.



Action d’un anticorps sur un antigène.

         Le génie génétique permet aujourd'hui de produire des anticorps monoclonaux utilisables en pratique clinique humaine. Mais la plupart des anticorps étant produits dans des cellules de rongeurs (sourisrathamsterlapin plus rarement pouletmulet), ils déclenchent une réaction immunitaire lors de leur injection à un patient. Cette immunité inactive progressivement l'action bénéfique de l'anticorps. Pour éviter cela, on cherche à produire des anticorps chimériques[8] « humanisés », modifiés par génie génétique pour remplacer au maximum les fragments constants de l'espèce d'origine par des fragments humains.
         La technique de fabrication a été mise au point en 1975 par Kohler et Milstein.
         Ces anticorps sont spécifiques d’une protéine pour laquelle ils ont été construits.
La dénomination des anticorps monoclonaux est indicative du principe de leur construction.
         Le suffixe « momab » désigne les anticorps monoclonaux construits à partir de la souris (1975)
         Le suffixe « ximab » dénomme les anticorps chimériques – homme/souris (1984)
         Le suffixe « zumab » est appliqué aux anticorps monoclonaux « humanisés » (1988-91)
         Le suffixe « mumab » concerne les anticorps monoclonaux entièrement « humains » (1994-99).


Types d’anticorps monoclonaux [iv] [v]

L E S   M O L É C U L E S   U T I L I S É E S   D A N S   L E   C A N C E R   D U   S E I N

Le cancer du sein fait l’objet de thérapies ciblées qui agissent spécifiquement sur la tumeur concernée. Les molécules et médicaments récemment utilisés sont :


L E   T R A S T U Z U M A B

Connu aussi sous son nom commercial Herceptin®, le trastuzumab fait partie de la famille des anticorps monoclonaux. Il a été spécialement conçu pour bloquer une protéine qui a la propriété de favoriser la croissance des cellules. Cette protéine est située à la surface des cellules du sein. Il a par ailleurs une action de stimulation du système immunitaire afin de l'aider à détruire les cellules cancéreuses.

L E   B E V A C I Z U M A B

Commercialisé sous le nom d’Avastin®, le bévacizumab fait également partie de la famille des anticorps monoclonaux. Il a été conçu pour s’attacher à une protéine qui circule dans le sang et qui agit sur la croissance des vaisseaux sanguins. En s’attachant à cette protéine, Avastin® l’empêche de produire cet effet. Par conséquent, les cellules cancéreuses ne peuvent développer leur propre alimentation sanguine et sont privées d’oxygène et de nutriments, ce qui favorise le ralentissement de la croissance des tumeurs.
(Formule : C6638H10160N1720O2108S44)


L E   L A P A T I N I B

Commercialisé sous le nom de Tyverb®, le lapatinib appartient à un groupe de médicaments appelés inhibiteurs de la protéine kinase[9]. Ces composés agissent en bloquant des enzymes connues sous le nom de protéines kinases, présentes dans certains récepteurs situés à la surface des cellules cancéreuses (de façon similaire à la protéine inhibée par trastuzumab). En bloquant ces récepteurs, le lapatinib contribue à contrôler la division et le développement des cellules cancéreuses.

Ces deux derniers médicaments sont administrés notamment en cas de diffusion du cancer au-delà de la zone tumorale (cancers métastatiques).





Formule chimique : C29H26ClFN4O4S



COMMENT EST ADMINISTRÉE LA CHIMIOTHERAPIE AFIN D'AGIR EFFICACEMENT?


         La chimiothérapie (Il s’agit d’un traitement médical qui vise à éliminer les cellules cancéreuses quel que soit l’endroit où elles se trouvent dans le corps, en les détruisant, ou en les empêchant de se multiplier.) est un traitement systémique, c'est-à-dire que les médicaments de chimiothérapie circulent dans le corps au travers du flux sanguin. Les médicaments peuvent être administrés.
 - Très souvent par voie injectable-
 - Parfois par voie orale (per os)
 - Très rarement par voie cutanée (topique).



L E S   P E R F U S I O N S

               
     
La chimiothérapie est souvent administrée directement par voie intraveineuse au moyen d’une aiguille qui est placée temporairement dans une veine du bras. Les médicaments de chimiothérapie sont injectés dans cette veine grâce à une. Une perfusion est une poche en plastique remplie de liquide et placée en hauteur pour que le liquide coule dans un tube en plastique fin et flexible (ou tubulure - tube branché sur une sonde de nutrition qui permet de faire passer les nutriments dans le tube digestif), qui relie la poche à l’aiguille de la veine du bras. Les médicaments de chimiothérapie sont soit dilués dans le liquide de la poche, soit injectés dans la tubulure par l’intermédiaire d’une seringue. L’injection des médicaments de chimiothérapie directement dans les veines du bras est une solution qui peut être proposée dans les cas suivants :
      - une durée de perfusion courte pour chacun des médicaments,
      - un nombre prévu réduit d’injections,
      - un bon capital veineux.

L E S   C A T H É T E R S   C E N T R A U X

      Si un médicament doit être administré sur plusieurs heures et à fortiori sur plusieurs jours, si la durée de la chimiothérapie peut être assez longue, si les veines du (ou des) bras ne sont pas suffisantes ou si les injections précédentes de chimiothérapie ont entraîné une inflammation (réaction de défense de l’organisme face à une infection ou une lésion des tissus. Une inflammation peut entraîner une rougeur, une douleur, une sensation de chaleur et, parfois, un gonflement à l’endroit ou elle se produit.) des veines (veinite), il peut être proposé au patient la mise en place d’un cathéter (tuyau souple et fin installé dans une veine afin d’injecter un produit ou des médicaments, et qui permet également d’effectuer des prises de sang. Un cathéter diminue le risque d’abîmer les veines et facilites les perfusions de chimiothérapie. Le cathéter améliore le confort du patient qui n’a pas besoin de subir une piqûre à chaque injection. On parle aussi de port-à-cathéter ou PAC, ou encore chambre implantable.) central pour la durée de la chimiothérapie.
      Ce type de cathéter est appelé central car une des extrémités du tube fin est située au niveau d’une grosse veine centrale, avant que celle-ci rejoigne le cœur (veine cave supérieure). Les cathéters sont composés de matériaux biocompatibles (silicones, polyuréthanes) qui sont bien supportés par l'organisme. Avec un suivi approprié, ces cathéters peuvent rester placés aussi longtemps que nécessaire, ce qui évite au patient d’être piqué dans le bras à chaque séance de chimiothérapie.


L E S   C A T H É T E R S   P É R I P H É R I Q U E S

      Il existe deux types de cathéters : les cathéters centraux et les cathéters périphériques. La seule différence est que le cathéter périphérique est placé au niveau du bras.


L E S   C H A M B R E S   I M P L A N T A B L E S

      Elles n’ont pas leur extrémité qui ressort à travers la peau, car elles sont reliées à un réservoir ou chambre (Port-A-Cath™, Infusaport™, etc.) qui est inséré sous la peau. Le cathéter et la chambre sont implantés sous anesthésie locale ou sous anesthésie générale de courte durée. La chambre est mise sous la peau du thorax, au-dessous de la clavicule, généralement assez loin du sternum pour des raisons esthétiques. La chimiothérapie est administrée en piquant dans le réservoir avec des aiguilles spéciales.



L E S   A U T R E S   V O I E S   D ' A D M I N I S T R A T I O N     

      Les médicaments de chimiothérapie peuvent être administrés dans des zones spécifiques du corps selon différents procédés techniques: procédé intrathécal (dans le système nerveux central) , intra-artériel (dans le système circulatoire) , intrapéritonéal ( dans la cavité abdominale) ou  intravésical ( par la vessie).
     Par ailleurs les chercheurs ont récemment développé des chimiothérapies capables d'être administrées par voie orale. Les préférences des patients pour ce système de traitement, qui consiste en de simples comprimés, sont évidemment très importantes (80%).


LES EFFETS SECONDAIRES DUS AUX MOLÉCULES SPÉCIFIQUES UTILISÉES POUR SOIGNER LE CANCER DU SEIN


L E   T R A S T U Z U M A B

        On peut observer des réactions d'hypersensibilité immédiate au trastuzumab : fièvre, dyspnée, hypotension, rougeurs. En général, ces troubles surviennent lors de la première cure (à dose dite de charge). Ils réagissent à un traitement symptomatique (corticoïdes, oxygénothérapie, béta-mimétiques). Ils doivent entraîner un arrêt immédiat et une reprise lente de l'administration lors de la régression complète des symptômes. Le plus souvent, ils ne surviennent plus lors des cures suivantes grâce à un traitement préventif symptomatique.
Plus rarement, on peut observer de véritables réactions d'hypersensibilité sévère avec choc, oedème pulmonaire et insuffisance cardio-pulmonaire sévère voire fatale.
Une toxicité cardiaque a été notée chez les malades ayant déjà été traitées par des anthracyclines. Il convient donc d'évaluer la fonction cardiaque avant l'institution du traitement et régulièrement toutes les 8 à 10 semaines. En cas de dégradation de la fonction cardiaque, un traitement cardiaque (pouvant comporter un dirurétique, un digitalique, un béta-bloquant ou un inhibiteur de l'ensyme de conversion de l'angiotensine) peut être envisagé lorsque l'effet thérapeutique du trastuzumab est particulièrement évident. Il n'a pas été observé d'aggravation majeure de la symptomatologie cardiaque malgré la poursuite du traztuzumab. A l'inverse, si le bénéfice clinique n'est pas important, il convient d'être prudent et de suspendre voire d'arrêter le traitement.
         Chez les malades traitées en adjuvant, cette toxicité cardiaque est minime chez 0.5% des malades environ, faisant éviter un trop long traitement par anthracycline (chimiothérapie adjuvante comprenant du docetaxel par exemple).
         Quelques événements pulmonaires graves ont été rapportés : infiltrats pulmonaires, pneumopathie, fibrose pulmonaire, épanchement pulmonaire, syndrome de détresse respiratoire aiguë avec insuffisance respiratoire. Ils surviennent lors de la perfusion ou de façon retardée. Les patients ayant une dyspnée de repos présentent un risque accru d'événements pulmonaires et ne doivent pas être traités par trastuzumab.

L E   L A P A T I N I B

Les effets indésirables les plus fréquemment observés (> 25 %) au cours du traitement associant le lapatinib et la capécitabine sont digestifs (diarrhées, nausées et vomissements) et cutanés (érythro-dysesthésie palmo-plantaire et rash).
         Des diarrhées ont été observées chez environ 65 % des patients traités par l’association. Dans la plupart des cas, les diarrhées étaient de grade 1 ou 2, ont en général bien répondu au traitement lors d’une prise en charge précoce et n'ont pas nécessité un arrêt du traitement. Toutefois, des cas de diarrhées, parfois sévères, ont été rapportés nécessitant une réhydratation hydro-électrolytique orale ou intraveineuse avec interruption ou arrêt du traitement par lapatinib. 2
         Un rash a été observé chez environ 28 % des patients traités par lapatinib associé à la capécitabine. En général, les rashs ont été de faible grade et n'ont pas nécessité l'arrêt du traitement par lapatinib.
         Des cas d’hépatotoxicité (hyperbilirubinemie, élévation des transaminases), d'évolution rarement fatale, sont survenus fréquemment (entre 1 et 10 % des patients) lors de l’utilisation du lapatinib. En conséquence, la fonction hépatique (transaminases, bilirubine, phosphatases alcalines) doit être évaluée avant l’initiation du traitement puis mensuellement ou selon la situation clinique. En cas d'altérations sévères de la fonction hépatique, le lapatinib doit être arrêté et ne pas être réintroduit.
         Les autres effets indésirables rapportés ont été notamment :
- des diminutions de la fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG). Ces effets sont survenus chez environ 2,5 % des patients traités par lapatinib associé à la capécitabine.
L'administration de lapatinib devra faire l'objet d'une attention particulière chez les patients dont la fonction ventriculaire gauche est susceptible d'être diminuée.
Chez tous les patients, une évaluation de la FEVG devra être réalisée préalablement à toute initiation de traitement et contrôlée tout au long du traitement par lapatinib.
- des cas de toxicité pulmonaire, notamment des atteintes pulmonaires interstitielles et pneumopathies ont été rapportés chez moins de 1% des patients. Les patients devront donc être étroitement surveillés afin de détecter les symptômes d’une éventuelle toxicité pulmonaire.


CONCLUSION

         Si le cancer est une des premières causes de mortalité dans la société contemporaine, son traitement ne cesse d’enregistrer des progrès permettant d’améliorer la prise en charge des patients et leur espérance de vie après dépistage de la maladie. C’est notamment le cas pour ce qui concerne les progrès en matière de molécules et traitements chimiothérapiques.
         Le cancer du sein en particulier, cancer qui touche en moyenne une femme sur onze, est emblématique de ces progrès : ainsi, postérieurement (et parfois alternativement) au traitement traumatisant qu’est la chirurgie, la chimiothérapie est actuellement l’une des voix les plus souvent proposées dans le protocole de traitement de la maladie.
         Dans le cas du cancer du sein, des molécules nouvelles et ciblées ont fait leur apparition, et semblent être à l’origine d’une amélioration du pronostic de guérison. Par ailleurs les méthodes d’administrations du remède sont aujourd’hui plus efficaces (au plus près de la tumeur) ce qui permet une utilisation de doses moins massives, et donc une meilleure acceptation des effets secondaires qui restent néanmoins très contraignants (alopécie, nausées, fatigue).
         Les modes d’actions de la chimiothérapie restent très dépendants néanmoins de la seule efficacité cytotoxique des molécules utilisées. On peut imaginer que des stratégies futures basées sur des effets non exclusivement cytotoxiques (par exemple des effets génétiques), pourraient provoquer la phase d’autodestruction dans les cellules malades elles mêmes. Ces mécanismes, bien qu’étudiés, ne sont pas encore applicables chez l’être humain. Ils seront les prochains défis de la recherche contre le cancer.



[1] ABPI : Association of the British Pharmaceutical Industry
[2] ADN : acide désoxyribonucléique (DNA en anglais)
[3] Métastase ; (du grec μετάστασις formé de μετά, méta signifiant « au-delà » et στασις, stasis pour « position ») foyer tumoral issu à partir d'un foyer primitif de la migration de produits pathologiques par voie lymphatique (virus, bactéries : métastase infectieuse ; parasite : métastase parasitaire) ou par voie sanguine (cellules cancéreuses : métastase cancéreuse). Cette définition biologique est souvent restreinte au cas clinique de la métastase cancéreuse
[4] ypérite :le gaz moutarde est un composé chimique t vésicant a capacité de former de grandes vésicules sur la peau exposée. Il est aussi nommé parfois ypérite (dérivé du nom de la ville d'Ypres (Ieper) en Belgique où il fut pour la première fois utilisé au combat le 11 juillet 1917).
[5] Lymphome : cancer lymphatique, c'est-à-dire un cancer du système lymphatique aux dépens des lymphocytes. Il est caractérisé par des proliférations cellulaires malignes (ou cancers) dans les organes lymphoïdes secondaires.
[6] Apoptose : processus par lequel des cellules déclenchent leur auto-destruction en réponse à un signal.

[7] Epitope : partie d'un antigène reconnu par un récepteur situé à la surface d'un lymphocyte.
[8] Chimère : une chimère est un organisme, animal en général, formé de deux (ou plus) populations de cellules génétiquement distinctes.
Chimère humanisée : Ces Ac humanises ne comportent qu’une fraction minime de l’Ac de souris : ils sont mieux tolérés par l’organisme humain et ont donc une demi-vie plus longue. correspond a la greffe des parties constantes des chaines lourdes et légères (CH et CL) d’Ac humain sur les parties variables respectives (VH et VL) d’un Ac murin

[9] Protéine kinase : Les protéines kinases sont des enzymes qui catalysent le transfert d'un groupe phosphate de l'adénosine triphosphate (ATP) sur l'hydroxyle (groupe -OH) des chaînes latérales des acides aminés ayant une fonction alcool : sérinethréonine et tyrosine. Les protéines kinases sont impliquées dans la régulation de l'activité des protéines cibles.






[ii] Pr Jamal TAOUFIK
Chef du département des Sciences du médicament
3èmes Journées Pharmaceutiques du Gharb

[iii] Ecole Polytechnique Universitaire Filière Génie Biologique
Université de Nice - Sophia Antipolis
Année 2004-2005

[iv] LES BIOTHERAPIES ET NOUVELLES THERAPIES IMMUNO MODULATRICES
Le point de vue des différentes spécialités » Pr de WAZIERES et Dr BALDUCCHI Médecine Interne Pr POUDEROUX Hépato gastro entérologie - Dr STOEBNER Dermatologie Dr JOURDAN Cancérologie Dr MOURGUES Pharmacie Dr FLAISLER Rhumatologie . Université de Montpellier

pharmapk.pharmacie.univ-mrs.fr/.../principes-chimio-2010.pdf
Institut Curie :
Adresse : 26 rue d'Ulm - 75248 Paris cedex 05
Tél : 01 44 32 40 00
Site internet : 
http://www.curie.fr

IGR :
Institut Gustave-Roussy
Adresse : 39 rue Camille Desmoulins - 94805 Villejuif Cedex
Tél : 01 42 11 42 11
Fax : 01 42 11 53 00
Site internet : http://www.igr.fr

Mission Interministérielle pour la Lutte contre le Cancer :
Ministère de la Santé et de la Protection sociale
Adresse : 8, avenue de Ségur - 75350 Paris 07 SP
Tél : 01 40 56 71 01
Fax : 01 40 56 79 44
Site internet : http://www.plancancer.fr

Ligue nationale contre le cancer :
Siège national de La Ligue contre le cancer
Adresse : 12 rue Corvisart - 75013 PARIS
Tél : 01 44 23 04 04
Fax : 01 45 84 66 82
Site internet : http://www.fnclcc.fr

ARC :
Association pour la recherche sur le cancer
Adresse : 9, rue Guy Mocquet - 94800 Villejuif
Fax : 01 47 26 04 75
Site internet : www.arc.asso.fr

Centre Léon Bérard :

Photo de la poitrine
http://vi-cto-rieuses.forumactif.com/t1405-cancer-du-sein-resultat-prometteur-du-pertuzumab